par Hélène Babok Haeussler
Vous avez remarqué ? on parle beaucoup de reconnaissance en ce moment dans les médias. Et au même moment, plusieurs de mes clients me sollicitent pour travailler sur cette notion ô combien vaste et complexe. Ils partagent leur frustration et désarroi face à la grogne persistante de leurs salariés malgré toutes les initiatives déployées au sein de leur organisation.
Il est vrai que la reconnaissance au travail est la première priorité dans les attentes de 59% des salariés Français, selon une enquête BPI ; et d’après un sondage Ipsos de 2018, le premier facteur de démotivation des français au travail est le « manque de reconnaissance », devant une « rémunération trop faible » et les « pratiques managériales » ( enquête Ipsos ). Tout le monde est unanime pour dire qu’un manque de reconnaissance est non seulement facteur de stress mais de désengagement, d’où ce sujet au top des préoccupations des services RH.
Pourquoi avons-nous besoin autant de reconnaissance ? Qu’attendent les salariés en terme de reconnaissance ? Peut-on réellement envisager une politique globale à l’échelle d’une organisation tant cette notion est subjective et complexe ? Est-il seulement possible de combler ce besoin de reconnaissance en tant qu’entreprise ?
Il me semble, pour animer des ateliers sur ce thème dans les entreprises, que le simple fait d’engager des dialogues entre salariés et management désamorcent les frustrations de part et d’autre et permettent un premier constat : notre besoin de reconnaissance est inhérent à notre condition d’être humain, il est vital, et insatiable. Le message que nous percevons lorsque nous recevons des signes de reconnaissance, c’est que nous existons, que nous sommes dignes d’intérêt et que nous faisons partie d’un groupe. D’ailleurs, le plus souvent, l’attente principale des salariés correspond à un « simple » besoin de « reconnaissance existentielle » qui en général peut être comblé par un bonjour authentique, un merci sincère ou juste un peu de temps d’écoute et de considération.
Quand j’utilise les cartes Points of You® dans un groupe pour approfondir la question et notamment révéler les 4 catégories de reconnaissance (existentielle, reconnaissance des efforts, des résultats atteints et des compétences), les salariés se rendent compte que chacun a des attentes différentes donc qu’il est risqué de plaquer son propre prisme sur ses équipes. !!
Dès lors, il est intéressant de faire prendre conscience aux managers de leurs pratiques de reconnaissance. Donnent-ils des signes de reconnaissance, quels signent donnent-ils, à quelle fréquence ? Savent-ils vraiment ce qu’attendent leurs équipes? N’ont il pas des croyances erronées au sujet de la nature et de la forme et de la quantité de reconnaissance attendue ? Sont-ils à l’aise quand ils en reçoivent ?
Ces prises de conscience sont indispensables mais pas suffisantes. Encore faut-il dépasser les freins et les croyances ancrées en chacun mais aussi au niveau de la culture de l’entreprise qui empêchent l’expression de cette reconnaissance. Les croyances les plus courantes ? : « si je donne de la reconnaissance, ils vont me demander une augmentation », « dire merci donne une image de faiblesse, « si je les félicite, ils risquent de s’asseoir sur leurs lauriers », « je ne vais pas leur dire merci pour un boulot pour lequel ils sont payés » etc…
Cela dit, je suis aussi frappée de la posture attentiste des salariés vis-à-vis de leur management. Ils réclament de la reconnaissance, mais que font-ils de leur côté pour en donner ? Ne participons-nous pas activement au manque de reconnaissance global quand nous-même n’en témoignons pas ?
D’où la question qui surgit immédiatement après : n’est-il pas vain d’espérer qu’on nous donne ce qu’on n’est pas prêt à donner soi-même ? Nous sommes en effet la seule personne à savoir de quelles marques de reconnaissance, exactement, nous avons besoin. Donc apprenons à nous témoigner de la reconnaissance à nous-même ! A mon sens, il est d’autant plus important pour nous, accompagnants coachs ou thérapeutes, de savoir le faire car sinon, nous risquerions de le rechercher avec trop d’insistance dans le regard / feedback de nos clients. Or, nous savons bien qu’un client satisfait d’une séance ne veut pas forcément dire que nous l’avons bien coaché….
Alors, je vous invite à tirer une carte du jeu The Coaching Game au hasard. Que vous dit-elle à propos du signe de reconnaissance que vous pourriez vous accordez à vous-même aujourd’hui ?
Envie d’aller plus loin ?
1. suivez le webinaire ICF Synergie du 18 septembre 2019.
2. lisez l’article de Capital Juin 2019